La pandémie de COVID a eu un impact majeur sur la vie des jeunes. Depuis le début de la pandémie, certains ressentent plus de solitude, et d’anxiété, d'autres signalent des troubles du sommeil. Les mesures COVID ont éliminé de nombreuses solutions disponibles pour faire face au stress et à l’anxiété : contacts sociaux, activités sportives, hobbies et loisirs, structure de la journée et manière significative de passer la journée. Lorsque l’anxiété augmente et qu’un grand nombre de moyens d’adaptation « sains » sont supprimés, certaines personnes commencent à manger pour faire face à l’anxiété, comme le montrent certaines études : Di Renzo et al. (2020), Robinson et al. (2021) et Ramalho et al. (2022). Toutefois, cela ne signifie pas que toutes ces personnes développeront un trouble du comportement alimentaire. Mais ces comportements amènent plus de risques chez les personnes concernées.
Il n’est donc pas surprenant que les résultats de la 6 ème enquête de santé pendant la crise du coronavirus (Sciensano, 2021) montrent que par rapport à 2013 (8 %) et à 2018 (7 %), il y a une augmentation du pourcentage (11 %) de personnes dans la population belge qui présentent des signes d’un trouble alimentaire (identifié par le SCOFF).
Des études internationales (Taquet, Geddes, Luciano et Harrison, 2021) indiquent également que l’incidence d’un premier diagnostic de trouble alimentaire était plus élevée en 2020 par rapport à l’incidence en 2019, 2018 et 2017. Il était 15 % plus probable de recevoir un diagnostic de trouble alimentaire pour la première fois en 2020 qu’en 2019 (risque relatif : 1,15 %). Le risque relatif d’être diagnostiqué comme souffrant d’un trouble alimentaire a également augmenté tout au long de l’année 2020. Pour les mois de mars 2020 à mai 2020, il n’y a pas eu de différence par rapport à 2019. Dans les mois suivants, on constate toutefois une nette augmentation par rapport à 2019. Le risque était particulièrement accru chez les jeunes filles âgées de 10 à 19 ans et associé à des diagnostics d’anorexie mentale. Toutefois, cette étude ne permet pas d’expliquer cette augmentation : y a-t-il vraiment eu une augmentation ou les troubles alimentaires ont-ils été découverts plus rapidement en 2020 (par exemple parce que les gens passaient plus de temps à la maison et que les membres de la famille ont remarqué plus rapidement que les repas ne se passaient pas bien). Ces données ne sont pas non plus facilement généralisables à la Belgique.
Enfin, les équipes résidentielles indiquent qu' un groupe qui a fait l’objet d’une évaluation clinique est passé de troubles alimentaires modérés à des troubles alimentaires graves en très peu de temps (Groupe de travail sur les troubles alimentaires, novembre 2021 ; Zipfel et al, The Lancet, 2022).