Les lignes directrices du Comité pour la nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents (COMSMEA, SPF Santé publique, sécurité de la chaine alimentaire et environnement) fournissent des recommandations pour l'organisation des soins et pour les traitements des troubles de l’alimentation. Elles prennent en compte le contexte de vie, l’accessibilité aux soins, l’alimentation, l’image corporelle et le poids.
Les services de soins devraient se concentrer simultanément sur la prévention et le traitement des problèmes d’alimentation, de poids et d’image corporelle, car ils sont étroitement liés. Cela implique une approche de « ne pas nuire », en communiquant de manière réfléchie afin que les messages bien intentionnés ne puissent pas augmenter d’autres facteurs de risque. Par exemple, une approche de l’obésité trop axée sur le poids peut engendrer une réflexion sur l’alimentation axée sur les formes corporelles ou en tout ou rien, qui sont des facteurs de risque pour le développement d’un trouble de l’alimentation. En outre, une communication réfléchie implique d’éviter la stigmatisation des problèmes d’alimentation et de poids. Le professionnel de santé adopte une attitude non accusatrice, respectueuse et empathique. Historiquement, les troubles de l’alimentation ont été conceptualisés comme des maladies des adolescentes et des femmes de faible poids corporel avec des préoccupations corporelles telles que l’anorexie mentale. Mais les troubles de l’alimentation concernent également les personnes ayant un poids plus élevé et peuvent affecter les personnes de tout sexe, être associés à d’autres troubles psychologiques, et somatiques (par exemple le diabète, l’obésité, une maladie inflammatoire de l’intestin…), ou ne pas être associés à des préoccupations corporelles. Les troubles de l’alimentation sont complexes et à multiples facettes. Un traitement et une guérison réussis sont des processus également complexes nécessitant plusieurs étapes, différentes options de traitement et des soins collaboratifs de la part d’équipes multidisciplinaires.
Une véritable équipe autour du patient
Bien que l’équipe de traitement soit au minimum composée d'un médecin et d'un psychologue clinicien avec de bonnes connaissances des troubles de l’alimentation, la contribution d’un éventail de disciplines est souvent nécessaire pour des soins complets. La famille et les soutiens font partie intégrante de l’équipe de soins. La personne vivant avec un trouble de l’alimentation, sa famille et ses soutiens sont au centre de toute l'équipe de soins. Les plans de traitement doivent toujours être élaborés dans un cadre centré sur la personne, sensible à la famille et à la culture et axé sur la guérison. Par conséquent, l’information et la prise de décision sont partagées entre tous les membres de l’équipe de soins, y compris la personne vivant avec un trouble de l’alimentation, sa famille et si nécessaire, ses soutiens.
L’évaluation de départ, la planification du traitement et l’évaluation au cours du traitement sont essentielles pour un traitement sûr et efficace. Parfois, le trouble de l’alimentation peut compromettre la capacité d’une personne à prendre des décisions en fonction de ses objectifs à long terme. Dans les situations de détérioration de la santé physique ou mentale qui nécessitent une intervention immédiate, l’équipe de traitement devrait s’efforcer de planifier et de mettre en œuvre un traitement en collaboration avec les familles et les soutiens qui soient conformes aux souhaits exprimés par la personne présentant un trouble de l’alimentation.
Le professionnel de la santé s’adapte à la phase de motivation du patient pendant le traitement et répond aux besoins d’autonomie, de compétence et d’adhésion du patient. Les idées, les préoccupations et les attentes du patient sont prises en compte. Les problèmes d’alimentation nécessitent une approche intégrée à partir du modèle biopsychosocial. L’exploration de la nutrition, de l’exercice physique, du fonctionnement psychosocial, de la santé mentale et somatique est nécessaire. Le traitement est multidisciplinaire. Cette approche multidisciplinaire, cette approche combine des compétences dans chacun de ces domaines.
Un modèle de soins par étapes
Les modèles de soins échelonnés sont une approche prometteuse pour intégrer les services des troubles de l’alimentation de manière ciblée et rentable, de l’ambulatoire à l’hospitalier. On constate des retards de traitement dûs à des problèmes systémiques (longues listes d’attente, absence d’évaluation et de diagnostic précis, absence de psychologues qualifiés en psychothérapie du trouble de l’alimentation, manque de lits de jour et résidentiels) et à des obstacles liés aux patients (crainte de la stigmatisation, non-reconnaissance du problème). L’amélioration des compétences et l’implication des cliniciens de soins primaires dans le diagnostic et l’orientation dans le cadre d’un modèle de soins échelonnés pourraient contribuer à résoudre certaines de ces préoccupations. Le modèle des soins par étapes coordonne l’offre de soins en relation avec la gravité du problème. Par exemple, l’intensité de l’offre de soins est augmentée lorsque le problème est plus grave, mais aucune aide plus que nécessaire n’est offerte. Un traitement débute habituellement sur une base ambulatoire. La tendance est aux séjours hospitaliers plus courts et aux approches au plus près de la résidence du patient et de ses proches. D’autres efforts sont nécessaires pour améliorer la connaissance de la santé mentale et déstigmatiser la recherche d’aide pour les troubles alimentaires.
Une prise en charge multidisciplinaire
L’équipe de soins se compose de la personne présentant un trouble de l’alimentation et de toutes les personnes qui seront impliquées dans la prestation de soins, de soutien et/ou de traitement. L’équipe de traitement se compose des professionnels de l’équipe de soins qui fournissent un traitement à une personne vivant avec un trouble de l’alimentation. Le médecin peut-être un médecin généraliste, un pédiatre, un pédopsychiatre, un psychiatre ou un autre médecin qualifié qui est en mesure de fournir un traitement et une prise en charge des symptômes physiques des troubles de l’alimentation. Cela comprend la surveillance médicale et le traitement des complications médicales associé aux troubles de l’alimentation, la surveillance de l’état médical et parfois la prescription de médicaments - ou mesurer l’urgence du traitement (nécessité éventuelle d’une hospitalisation). Dans tous les cas, quelle que soit la gravité ou la durée du problème du trouble de l’alimentation, un examen médical doit toujours précéder toute forme de traitement, même si ce dernier est entre les mains d’une personne non médicale.
La valeur ajoutée de la multidisciplinarité est évidente dans la vision du traitement des troubles de l’alimentation. Elle repose sur une combinaison de connaissances, de professionnalisme, de soutien mutuel et de responsabilité partagée. En pratique, il s’agit souvent d’une coopération entre un psychologue clinicien (avec une qualification en psychothérapie), un médecin (généraliste, pédiatre, pédopsychiatre, psychiatre), et un diététicien. De toute évidence, chacun d’entre eux doit avoir une expérience dans le traitement des problèmes d’alimentation et de poids. Pour une bonne coopération, il faut se connaître et respecter les tâches, les compétences et le travail de chacun. Il faut veiller à une bonne coordination des objectifs et du plan de traitement, ce qui signifie qu’il faut être prêt à échanger des informations. La continuité des soins est nécessaire pour des résultats durables. L’approche des problèmes vise le long terme.
Quelles sont les professions impliquées?
Un professionnel de la santé mentale est un terme générique désignant les professions qui peuvent fournir un soutien et un traitement psychologiques aux personnes vivant avec un trouble de l’alimentation. Ces professions comprennent les psychologues de première ligne et les psychologues spécialisés, les pédopsychiatres et les psychiatres, de préférence formés aux thérapies basées sur des données probantes, les infirmiers en santé mentale, les infirmières praticiennes, les travailleurs sociaux, les ergothérapeutes. Un professionnel de la santé mentale peut se spécialiser dans la fourniture de traitement pour différents types de troubles de l’alimentation, ou parfois seulement un seul type de troubles en fonction de sa formation et de son expérience.
Les autres professionnels de la santé qui peuvent être impliqués dans l’équipe de traitement, selon les besoins sont : les médecins généralistes, les diététiciens, les kinésithérapeutes, d’autres médecins spécialistes et des pairs aidants. Par exemple, afin d’offrir des conseils nutritionnels appropriés au client et à sa famille, l’orientation vers un diététicien est appropriée pour autant qu’il ait une expérience des troubles de l’alimentation et travaille en collaboration avec un médecin et un professionnel de la santé mentale.