L’image corporelle inclut des perceptions, des attitudes et des affects (Striegel-Moore & Franko, 2002). Elle est le résultat d’une activité psychique des individus, face à diverses causes biologiques (le corps réel) ou sociales (le corps perçu par autrui). Elle a une fonction protectrice, stabilisatrice et adaptative. La manière dont un homme ou une femme perçoit son corps a des conséquences directes sur ses comportements de santé et sur son vécu psychique.
Et en grandissant?
Cette image est évolutive et change avec l’âge. Elle se constitue dès la première enfance et se trouve au fondement de l’identité (Erikson, 1968 ; Levine & Smolak, 2002). L’idéal corporel constitue l’image du corps vers laquelle l’individu veut tendre. Cet idéal est lié au contexte socioculturel et aux idéaux corporels présents au sein de nos sociétés (la minceur de la femme ou les muscles chez l'homme par exemple). Cette «pression corporelle» s’exerce par les médias, les pairs, la famille et conduit à l’intériorisation des normes par les individus (Heinberg, 2000).
L'importance du corps perçu
Le corps perçu est la manière dont les individus se classent et évaluent leur poids (maigre, normal, trop gros, etc). La différence entre le corps perçu et le corps désiré permet d’évaluer l’insatisfaction corporelle. Celle-ci constitue une notion indispensable pour étudier comment un individu perçoit son corps (Cash, 2002). L’insatisfaction corporelle apparaît souvent comme étant indépendante de l'IMC ou Indice de Masse Corporelle (Allaz, Bernstein et al., 1998). Le fait que le corps réel soit « normal » objectivement (comme peut l’indiquer par exemple l’IMC) est autre chose que la perception que les individus en ont (corps « perçu »).
Les femmes, plus sensibles à l'image corporelle?
De nombreuses recherches ont montré, par exemple, que les femmes sont généralement plus insatisfaites de leur apparence physique que les hommes (Furnham & Calnan, 1998 ; Funrham, Badmin & Sneade, 2002). Les femmes ont souvent tendance à se voir plus grosses qu’elles ne le sont, alors que les hommes se perçoivent comme étant plus minces ; cette distorsion perceptive est d’autant plus importante chez les femmes que leur idéal corporel est d’être mince (Emslie, Hunt & Watt, 2001 ; Makkar & Strube, 1995).
Plusieurs études (ex : Weaver & Byers, 2006 ; Satinsky et al., 2012 ; Erbil, 2013 ; Gagnon-Girouard et al., 2014) révèlent que l'IMC serait négativement corrélé à l’image corporelle chez les femmes. Plus l'IMC est élevé, plus l’image corporelle serait basse. En outre, selon une recherche transversale de McLaren & Kuh (2004), le BMI serait prédicateur de l’insatisfaction corporelle féminine à travers différents groupes d’âges (Dalley, Buunk & Umit, 2009). Il en va de même pour Crossley et al. (2012), pour qui le BMI serait significativement corrélé à la satisfaction corporelle, mais également aux affects négatifs et à la distorsion corporelle.
Hannier, S. L’estime de soi sexuelle de la femme : étude et actualisation du concept. Définition et intégration du concept de « perception du Corps Sexualisé » ou « sexualized Body Perception » (Thèse de doctorat). Louvain-La-Neuve, UCL, 2021.